La fragilité de la nouvelle économie

Le surinvestissement américain

L’enrichissement en capital de la croissance américaine semble s’expliquer largement par la baisse du prix des matériels liés aux NTIC. Le phénomène d’enrichissement de la croissance américaine en capital (capital deepening) n’est pas nouveau : cette évolution s’explique largement par la baisse du prix du capital relativement à celui du PIB : en valeur, ce ratio ne présente pas la tendance haussière observée sur les données en volume. La baisse du prix relatif du capital provient elle-même en grande partie d’un progrès technique plus rapide dans le secteur des biens d’équipement - (NTIC).

Même si la baisse du prix relatif des biens d’équipement justifie que l’investissement des entreprises soit dynamique, il est probable que la très forte accumulation de capital réalisée au cours de la seconde moitié des années 1990 a été excessive, du fait notamment des anticipations de profits irréalistes qui ont accompagné la bulle boursière dans le secteur des NTIC. Krach des valeurs Internet en mars 2000. L’excès d’accumulation aurait commencé à se résorber depuis le début 2001, principalement à cause du recul de l’investissement, mais aussi grâce à la poursuite de la baisse du prix du capital qui, toutes choses égales par ailleurs, tend à faire monter le stock de capital "d’équilibre", c’est à dire le stock dont l’économie a besoin pour croître à son rythme tendanciel. Le véritable krach des valeurs de la nouvelle économie tend à ramener les investisseurs vers plus de réalisme. La nouvelle économie peut entraîner un excès d’accumulation de capital.

La hausse des inégalités ?

L’augmentation de l’intensité capitalistique a un coût, qui est souvent ignoré, et qu’il faut mettre en face de la baisse induite du coût du travail. Elle peut être à l’origine d’un conflit de répartition : elle nécessite une hausse de la part des profits dans la valeur ajoutée pour maintenir la rentabilité du capital alors que le plein emploi pousse plutôt à une de la part des salaires. On sait aussi que la nouvelle économie utilise des technologies qui ont un « biais de qualification » au profit des salariés plus qualifiés. Il y a donc un risque d’ouverture des inégalités.

L’écart de rémunération entre travailleurs qualifiés et non qualifiés s’est fortement accentué lors des deux dernière décennies. La prime à la qualification est devenue un facteur non négligeable de creusement des inégalités. A ceci s’ajoute une possibilité de développement inégal selon les secteurs. Les secteurs s’adaptant le plus rapidement aux TIC semblent les plus performants sur les marchés. Le processus engagé par les TIC induit des mouvements de concentration et d’externalisation des entreprises qui mesurent les économies d’échelles associées au coût fixes réalisables. Ainsi se constituent les entreprises dominantes et les inégalités entre secteurs.

Qui est entré dans la nouvelle économie? Un rattrapage possible ou une domination écrasante des États-Unis ?

La diffusion des nouvelles technologies et plus généralement de la nouvelle économie reste très hétérogène selon les pays. En ce qui concerne l’évolution du revenu par tête (en dollars) dans les différentes zones (émergents d’Asie, d’Amérique latine, et d’Europe centrale, États-Unis, Japon et zone euro) de 1987 à 2000 on voit : -que dans les zones émergentes, celles qui ont le rattrapage le plus rapide (Asie) ont cependant un rattrapage lent. -Que, en ce qui concerne les pays de l’OCDE en dollars de PPA (parité de pouvoir d’achat), l’écart de revenu par tête entre les États-Unis et la zone € a peu varié, que le Japon a rattrapé les États-Unis entre 1980 et 1993. Nb : cette évolution est considérée à court terme et non à long terme comme sur l’échelle de Madisson.

Il demeure donc des inégalités frappantes des pays devant la nouvelle économie. La convergence évoquée par Solow est impossible, seule la convergence conditionnelle (entre économies similaires) s’avère réelle. Les États-Unis sont les chefs de file de l’expansion. Le dynamisme des économies semble dépendre de leur rattrapage.

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Strategie
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Date de publication :
12 décembre 2006