Les mutations inaugurées par la « nouvelle économie »

Le terme de « nouvelle économie » désigne aux États-Unis la croissance tirée par les nouvelles technologies et se caractérise par une absence d'inflation et le plein-emploi. Estimé à 4 milliards de dollars en 1994, le chiffre d'affaires directement généré par Internet aurait atteint les 301 milliards de dollars (318 milliards €) en 1998, ce qui ramène le chiffre d'affaires de l'Internet au niveau des industries phares de l'économie américaine, comme l'automobile (350 milliards de dollars). En France les NTIC auraient contribué à 5 % du PIB, 3,5% de la richesse nationale et 15% de la croissance économique en 1998. Une situation aussi durablement favorable (surtout aux États-Unis) suggère l’entrée dans une nouvelle ère économique où croissance rehaussée, chômage durablement bas et tensions inflationnistes quasiment inexistantes se conjugueraient, ce qui a conduit à l’expression « nouvelle économie ».

Parler de « Nouvelle Economie », c’est faire référence à une ancienne économie. Quels sont les faits qui permettent de constater un changement des économies ? Le concept en lui-même de nouvelle économie est-il réellement avéré ? Si oui, comment expliquer l’avènement de cette nouvelle économie et les disparités qui s’ensuivent entre les économies nationales ?

Croissance tendancielle des PIB et baisse des prix

Trois pays de l’OCDE (Australie, Irlande et Pays-Bas) ont connus une croissance tendancielle du PIB/hab. nettement plus forte au cours de la décennie passée que dans les années 80. La croissance s‘est également améliorée dans plusieurs autres pays, notamment les EU. En revanche, elle s’est ralentie dans un grand nombre d’autres pays, dont le Japon et une grande partie de l’Europe.

Si l’on prend l’exemple des EU, on remarque une croissance forte et durable du PIB, dans un contexte d’inflation maîtrisée. Depuis 1996, le PIB a progressé à un rythme annuel supérieur à 4%, les prix ont décéléré, et les gains de productivité ont été élevés. La constatation d’une croissance importante des PIB renvoie sûrement aux changements de tendance, initiés par la nouvelle économie depuis les années 90. Mais d’autres changements notables de l’économie peuvent aussi amener à penser un nouveau cycle dans l’économie mondiale.

Changement dans le marché du travail

La décennie 90 a vu la baisse du taux de chômage aux États-Unis, qui est passé de 7,5% à moins de 4,5% entre 1992 et 1999. On a pu également constater une hausse du taux de participation à la population active. En France, cette évolution est aussi remarquable. Les estimations de la Direction de la Prévision suggèrent que le chômage structurel a baissé de près de 2 points depuis le milieu des années 90, sous l’effet des allègement de charges et de la baisse du coût du capital. Quant au chômage d’équilibre, il aurait baissé de près de 2 points également pour s’établir en 2000 à un niveau proche de 8,5%.

« L’enrichissement de la croissance en emplois » s’est traduit par une baisse de la productivité du travail et un ralentissement de la Productivité générale des facteurs. En revanche, la hausse du taux d’emploi élève le niveau de la production potentielle et donc, à titre transitoire, le rythme de la croissance potentielle. Mais c’est un phénomène distinct de celui de la nouvelle économie qui est supposée élever de manière permanente le taux de croissance. Les progrès réalisés sur les marchés du travail sont de véritables indicateurs de changement. Il contribuent notamment à une meilleure productivité multi-factorielle.

Productivité multi-factorielle (PMF) en hausse

L’utilisation combinée du capital et du travail semble plus efficace aujourd’hui. La PMF s’est accélérée dans les pays de l’OCDE au cours des années 90. Dans les nouvelles activités, la croissance de la PMF tient en partie aux jeunes entreprises, qui combinent plus facilement le travail et le capital que les entreprises bien établies. Selon l’OCDE, cette amélioration de la PMF tient beaucoup aux nouveaux modes d’organisation et aux niveaux de qualifications élevés initiés par les TIC.

La diffusion de ces technologies a abouti à une modération des prix des biens technologiques, ce qui conduit à un investissement plus dynamique que l’investissement traditionnel. On observe un ajustement très important du capital productif : depuis le milieu des années 1980, les investissements en biens de technologies de l’information ont une croissance beaucoup plus élevé que celle de l’investissement global. L’essor des TIC au cours des années 90 semble ainsi se trouver au cœur de la croissance potentielle de l’économie américaine.

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Strategie
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Date de publication :
12 décembre 2006