Rationalité limitée

La rationalité limitée est un concept utilisé en sociologie et en micro-économie. Il porte sur l'étude du comportement d'un individu (ici appelé acteur) face à un choix (l'achat d'un produit,...). Il suppose que l'acteur économique a un comportement rationnel, mais que cette rationalité se limite à l'ensemble de choix que peut envisager l'entendement humain et que l'acteur va s'arrêter au premier choix qu'il jugera satisfaisant.
En d'autres termes, l'acteur est rationnel (s'il préfère A à B et B à C, on peut en déduire qu'il préfère A à C). Cependant, lors d'un choix complexe, il ne cherche pas à étudier l'ensemble des possibilités et donc être pleinement rationnel. Au contraire, il va s'arrêter sur la première option qui lui semble juste, la rationalité consistant pour lui à ne pas consommer trop de temps à effectuer son choix (Effet Tetris).

On s'écarte alors de l'un des postulats premiers de la micro-économie, qui veut que l'acteur soit pleinement rationnel concernant la situation envisagée. Ce concept a été forgé par Herbert A. Simon.

Thèse de Simon

Simon va développer à partir des hypothèses des courants néo-classiques une construction éthologique du processus de décision dans l’entreprise et focalise ce processus sur l’acteur et non plus sur l’hypothèse de la main invisible de la concurrence. Il propose deux "déblocages" de la conception de l’entreprise comme lieu privilégié de la décision rationnelle :

Premier déblocage

Le comportement de l’homme est induit par l’information. L’acteur réagit aux stimuli informationnels.

Au sein de l’entreprise, le fonctionnement dépend de la position relative des acteurs. Le manager qui décide influe sur l’exécutant pour qu’il agisse de façon efficace et coordonnée. C’est un comportement qualifié d’administratif. C’est le résultat d’un choix des acteurs selon leur place dans l’organisation. Les choix ne sont pas raisonnés, mais procéduraux et choisir une action implique une renonciation à une autre action. C’est un processus de sélection dit «réflexe». Les actions ne sont pas guidées par une pensée rationnelle mais par l’habitude, l’ethos. L’homme n’est pas considéré comme un individu, un sujet, mais comme un acteur.

Deuxième déblocage

Puisque la rationalité de l’individu est limitée, l’organisation doit "penser à sa place" de la manière suivante :
- L’acteur est limité dans sa réflexion et doit être immergé dans une boucle information/décision pour ne rien laisser passer et pour pouvoir décider ;
- L’information doit être organisée car son accès est limité sur le marché.

La réflexion de l’acteur est limitée par son environnement qui conditionne sa décision. Le problème se construit en même temps que l’acteur le résout. Chacun se détermine en fonction de ce qu’il imagine être la stratégie de l’autre.
La connaissance de toutes les options étant impossible, l’acteur ne doit pas rechercher une solution optimale mais satisfaisante. La décision sera prise par rapport aux options connues, donc le résultat de la décision influencera l’environnement.
L’individu est limité par ses habitudes et réflexes, ses valeurs et sa conception des objectifs à atteindre et par l’étendue de ses connaissances et informations. Il ne peut être rationnel au regard des buts de l’organisation que s’il est capable d’y arriver par sa propre voie, en ayant une connaissance claire des buts de l’organisation et une information claire des conditions de ses actions.

Conclusion

La conclusion peut se résumer par cette équation : moyen + but + information = comportement
Cela implique que c’est l’organisation qui détient la raison et non plus l’individu. D'autre part, c’est l’information qui est le plus importante au sein de l’organisation car elle conditionne la décision.

Catégorie :
Strategie
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Date de publication :
11 octobre 2006