L'Homo œconomicus

L'Homo œconomicus (homme économique en latin, par imitation des dénominations employées en biologie) est une représentation théorique du comportement de l'être humain, qui est à la base du modèle néo-classique en économie. L'origine de cette expression est incertaine. On la trouve chez Pareto en 1906, mais elle a peut-être été employée auparavant.

Caractéristiques attribuées à l'homme économique

L'Homo œconomicus est considéré comme rationnel. Autrement dit, cet individu
- a des préférences (il préfère les pommes aux poires) et qu'il peut ordonner. Si ainsi il préfère les pommes aux poires et aussi les poires aux bananes, alors il préférera les pommes aux bananes. C'est la transitivité.
- est capable de maximiser sa satisfaction en utilisant au mieux ses ressources : il maximisera son utilité (et non pas son profit).
- sait analyser et anticiper le mieux possible la situation et les évènements du monde qui l'entoure afin de prendre les décisions permettant cette maximisation

La notion d'utilité s'assimile fréquemment en économie à la notion de bien-être. Ainsi la somme des utilités des individus d'une société est considérée comme le bien-être social.

En attribuant à tous les agents économiques ces caractéristiques rationnelles, et si le marché est entièrement libre, on peut bâtir des modèles économiques maximisant l'utilité de chacun autrement dit conforme à la sous hypothèse de l'efficience du marché.

Relativisation et critiques de ce modèle par rapport à la réalité factuelle

Les recherches faites en matière de décisions économiques, notamment dans le cadre de l'économie comportementale, ont montré qu'elles ne se conformaient que très partiellement à cette hypothèse de rationalité parfaite, sur laquelle s'appuient certaines analyses économistes. Entre autres études, celle du professeur Britan Knutson de l'université de Standford montre que les investisseurs voient leur esprit dévier, de la rationalité vers l'émotivité, lorsqu'ils s'adonnent à des décisions financières.

Critique psychosociologique

La comparaison entre la doctrine de certains économistes et les modes de prise de décision économique sur le terrain conduit divers psychologues (Daniel Kahneman) et sociologues (Pierre Bourdieu) à critiquer la notion d'homo œconomicus.
Bourdieu écrit par exemple :
« Le mythe de l'homo œconomicus et [de] la rational action theory [sont des] formes paradigmatiques de l'illusion scolastique qui portent le savant à mettre sa pensée pensante dans la tête des agents agissants et à placer au principe de leurs pratiques, c'est-à-dire dans leur « conscience », ses propres représentations spontanées ou élaborées ou, au pire, les modèles qu'il a dû construire pour rendre raison de leurs pratiques ». Pierre Bourdieu, Les structures sociales de l'économie.

Ces diverses critiques portent donc sur le fait que certaines théories économiques reposent sur des hypothèses de comportements (par ex. de consommation) qui seraient toujours sophistiqués et rationnels, alors que les gens ont aussi leurs « petites habitudes » liées à leur passé et leur environnement proche.
Tout le monde ne gère pas et ne rationalise pas son budget comme l'indiquent certains économistes. Ainsi, ceux qui font de l'homo œconomicus un universel, projettent sur les autres hommes un comportement qui n'est propre qu'à une partie d'entre eux ou qui ne se produit qu'une partie du temps.

Critique économique

Cette notion a également été critiquée par Keynes. La principale critique qu'il lui adresse est la suivante : l'individu ne possède ni les moyens intellectuels ni les moyens matériels de connaître tous les tenants et aboutissants de sa décision finale, donc il agit toujours en ne sachant pas tout les coûts et les avantages de son action. Autrement dit, la théorie de l'homo œconomicus suppose une information complète, ce qui n'est que très rarement le cas. La théorie classique repose en effet sur l'information parfaite, qui est une hypothèse théorique très rarement réalisée.

Par ailleurs l'école de l'économie comportementale met en avant les biais cognitifs et émotionnels qui affectent le processus de prise de décision des agents économiques qui font qu'ils sont loin d'optimiser leur propre intérêt.

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Strategie
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Date de publication :
11 octobre 2006