Le libre-échange : Un facteur de croissance ?

Selon Paul Bairoch (Mythes et paradoxes de l'histoire économique, 1994), le libre-échange a constitué une exception dans l'histoire économique du XIXe siècle, la règle restant le protectionnisme. Si la pensée économique s'est clairement orientée vers le libre-échangisme tout au long du siècle, le monde industrialisé de 1913 est semblable à celui de 1815 : « un océan de protectionnisme cernant quelques îlots libéraux. », à l'exception notable du Royaume-Uni, et d'une courte parenthèse libre-échangiste en Europe entre 1860 et 1870. En revanche, « le tiers monde était un océan de libéralisme sans îlot protectionniste », les pays occidentaux imposant aux pays colonisés et même à ceux politiquement indépendants des traités dits « inégaux » contraignant à l'abaissement des barrières douanières.

Finalement seul le Royaume-Uni aurait profité du libre-échange car il disposait d'une avance technologique antérieurement acquise qui lui permettait de s'imposer sur les marchés mondiaux. Au contraire, le reste de l'Europe a vu la Grande Dépression (1873-1896) éclater au moment même où les droits de douanes étaient au plus bas, puis le retour au protectionnisme aurait entraîné un retour de la prospérité.

On peut ainsi distinguer deux exemples opposés. Les États-Unis qui ont pratiqué un protectionnisme sans concessions ont connu des taux de croissance parmi les plus élevés au monde après la guerre de sécession (qui oppose d'ailleurs un Sud libre-échangiste au Nord protectionniste). A l'opposé le tiers monde n'a pu se développer et certains pays ont soufferts du libre-échangisme imposé par les puissances occidentales. L'Inde par exemple, colonie britannique, a vu disparaître un artisanat textile très développé à cause du commerce imposé par la Grande-Bretagne qui avait renoncé à son agriculture en faveur du développement de l'industrie cotonnière.

Des exemples contrastés

Les pays protectionnistes ont pour la plupart tenté d'accroître le plus possible la taille de leur marché, ce qui revient finalement à agrandir les espaces géographiques où les produits voyagent sans entraves.

L'Allemagne s'est constituée sur la base d'une union douanière, le Zollverein, mise en place en 1834, tandis que les États-Unis n'ont cessé d'agrandir leur territoire tout au long du XIXe.

Le Royaume-Uni aurait été le seul à profiter du libre-échange, mais il est aussi le seul à l'avoir réellement pratiqué sur une longue période.

Le Japon a connu un développement économique précoce et rapide après que les occidentaux lui ont imposé l'ouverture aux échanges.

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Date de publication :
12 décembre 2006