Le marxisme

Le marxisme est le courant philosophique et politique se réclamant des idées de Karl Marx et Friedrich Engels. Il est philosophiquement partisan du matérialisme, et est influencé par la pensée de Georg Wilhelm Friedrich Hegel. Politiquement, le marxisme repose sur l'analyse de l'Histoire et la participation au mouvement réel de la lutte des classes, pour l'abolition du capitalisme. Karl Marx considérait en effet que « l'émancipation des travailleurs doit être l'œuvre des travailleurs eux-mêmes ». Il faut noter que Marx lui-même a plusieurs fois dit, dans les dernières années de sa vie: « Moi, je ne suis pas marxiste ».

La pensée de MarxLa pensée de Marx peut être vue à la fois comme une philosophie, une sociologie, une analyse économique du capitalisme, et un projet communiste révolutionnaire.
Pour Karl Marx et Friedrich Engels, « l'histoire de toutes les sociétés humaines jusqu'à nos jours n'est que l'histoire de la lutte des classes ». Outre la préhistoire, que Marx et Engels analysent comme une forme de communisme primitif, ils distinguent au cours de l'Histoire trois autres « modes de production » (en définissant un mode de production comme la conjonction de « forces de production » et d'une « organisation sociale », ou « rapports de production ») : l'esclavagisme, le féodalisme et le capitalisme. Il en évoque aussi un quatrième nommée « mode de production asiatique » ou MPA.
Pour Karl Marx, ces différents modes de production correspondent à des conditions matérielles déterminées historiquement. Le développement des moyens de production modifie les conditions économiques, celles-ci conduisent à une perception différente du monde, et amènent de ce fait au pouvoir, à terme, de nouvelles classes sociales qui modifient à leur tour les rapports et les modes de production, etc.
En s'emparant des moyens de production, la bourgeoisie a renversé le pouvoir féodal mais aurait en même temps créé une nouvelle classe sociale, le prolétariat, qui porterait en elle à la fois le renversement de la bourgeoisie et du capitalisme, mais aussi l'instauration de la future société socialiste et du communisme. Marx insiste toutefois sur le fait que cette instauration n'a rien d'automatique ni d'inéluctable : les conditions existent, mais il dépend des hommes de les saisir ou non. Pour cette raison, il préconise la lutte politique.
Les thèses de Karl Marx ont évolué avec le temps. Par exemple, en 1848, les conditions économiques et sociales lui ont fait proposer la dictature du prolétariat. Sur la fin de sa vie, Karl Marx lui-même commencait à renoncer à ce projet et voyait plutôt se former une voie révolutionnaire pacifique vers la fin du capitalisme, et une société sans division en classes sociales. En fait, il faut pour Marx une présence de contrepouvoirs dans chaque société, et c'est justement cette absence de contrepouvoirs qui est à l'origine des manquements des différents modes de production.
La théorie marxienne du travailLe travail n'est pas seulement la transformation d'une donnée naturelle (car on pourrait alors le trouver également chez les animaux), il implique avant tout une faculté de représentation. La façon dont Marx va rendre compte de cette activité est totalement aristotélicienne en tant qu'elle commence par la représentation d'une fin, montrant par là que la fin est en même temps principe. Le travail est donc d'abord une représentation compréhensive qui comprend la finalité de l'objet et diffère en cela de l'animal (l'écureuil conserve les noisettes par instinct et non par représentation sans cela il aurait déjà bâtit des congélateurs à noisettes). Le produit du travail humain (expression redondante par ailleurs) doit donc exister idéalement dans la représentation du travailleur, autrement dit le travail vise idéalement un objet qui remplirait parfaitement une fonction.
Dans le Chapitre VII du Capital, Marx reprend donc ce schéma aristotélicien dans lequel il fait du travailleur celui qui se subordonne à la fin qu'il s'est lui-même donnée. Le travail est donc tel que l'individu s'identifie et se reconnaît dans ce qu'il a fait : en agissant, en travaillant, l'homme met en œuvre les facultés qui lui sont propres, découvre son pouvoir de conceptualisation et peut améliorer par là sa capacité de production. L'intelligence est donc révélée par cette activité en tant que l'homme actualise dans son travail des facultés qui lui sont propres, ce qui induit un processus d'identification : dans les produits du travail, l'individu trouve dès lors une part de son identité. Comme le travail participe à l'identité de l'individu, on peut bien dire que le travail est non seulement de l'avoir (i.e. du produire) mais également de l'être, en cela il y a donc bien une dimension proprement ontologique au travail.
C'est pour cela que Marx porte l'accusation au mode de production industriel et capitaliste d'aliéner les travailleurs. En effet, le travailleur n'a plus, dans ce cas là, de représentation compréhensive de ce qu'il fait puisqu'il en ignore le produit final et donc le pourquoi de son activité. L'enjeu identificatoire est donc ici annulé puisque le seul enjeu est celui de la rémunération. Ce qui est humain devient par là animal, relevant d'un réflexe, d'un automatisme mécanique (cf. Modern Times de Charlie Chaplin). En ce sens, on peut comprendre l'abolition de l'esclavage, non pas pour des soucis moraux mais bien pour des soucis économiques parce qu'il coûtait plus cher de maintenir les hommes dans l'asservissement dans le cadre de l'esclavage que dans celui du salariat. Ainsi, la liberté n'a été donnée que pour donner l'occasion aux travailleurs de se croire hommes alors qu'ils ne sont utilisés qu'à des fins primitives et donc animales. Les individus n'ont été laissé être hommes que pour leur faire adopter un comportement animal.
Ce qui est avancé ici est en outre fondé sur la théorie aristotélicienne de la marchandise qui distingue la valeur d'usage (ce que représente l'objet pour celui qui s'en sert) de la valeur d'échange (ce que l'objet permet d'acquérir). Dans le processus d'échange il y a dès lors une inversion des la valeur d'échange et de la valeur d'usage ; ainsi, la monnaie d'échange est-elle une marchandise qui n'a pour valeur d'usage que sa valeur d'échange. Le schéma smithien de la loi de l'offre et de la demande rend par ailleurs compte de l'existence d'une valeur ajoutée au produit de laquelle le capitaliste tire profit et le travailleur salaire. C'est autour du bénéfice de la valeur ajoutée que se dessine la lutte des classes car prolétaires comme capitalistes souhaitent se l'attirer à soi ; Marx va montrer que le travailleur est dans son plein droit de réclamer le bénéfice de cette valeur ajoutée en tant qu'elle est la valeur d'usage du travail même. Ce que fait le capitaliste, c'est donc de faire du travail une marchandise qui coûte moins cher que ce qu'elle rapporte.
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Date de publication :
3 mai 2006