Restructurations et emplois

Les restructurations font partie du paysage de la vie des entreprises, elles font l'objet d'une abondante presse et aussi de critiques virulentes. Le texte concerne la question des effets des restructurations sur l'emploi souvent au cœur des polémiques. Il montre les conséquences immédiatement négatives d'une restructuration et l'importance des divers dispositifs publics spécifiques d'accompagnement pour, dans une conclusion, discuter les effets induits à moyen terme des restructurations sur lesquels s'affrontent diverses théories économiques. Introduction La question des restructurations est de façon générale une question complexe et délicate et ceci pour de multiples raisons. C'est tout d'abord une question souvent douloureuse qui travaille fortement les sociétés et particulièrement la société française. Qui ne se rappelle les débats, les polémiques, les controverses qui n'ont pas manqué de se développer autour des grands dossiers de restructurations industrielles dans les années 1970-1980 ? Mais le thème est loin d'avoir perdu de son intérêt et il s'agit même encore d'un thème d'actualité brûlante comme l'indiquent les réactions nombreuses et passionnées de l'opinion associée aux annonces récentes des projets de restructuration du groupe Michelin. La vigueur du débat social s'explique principalement par les conséquences des restructurations qui se révèlent souvent lourdes et pénibles tant au plan économique, psychologique que social pour les principaux acteurs. Les restructurations et les reconversions en déclinant les plans sociaux et les suppressions d'emplois font passer le spectre du chômage et de l'exclusion pour l'ensemble des salariés durant la période d'attente des décisions définitives, tandis que la séparation provoque chez le salarié partant un choc psychologique comparable à celui provoqué par un deuil (Dubroeuck 1995). Mais les salariés restants ne semblent pas épargnés non plus. L'étude de l'incidence en interne des séparations a fait l'objet de nombreux travaux aux Etats-Unis qui ont montré que la suppression des postes avait tendance à provoquer un véritable traumatisme. (Brockner et alii 1995) Les quelques travaux français sur la question arrivent pratiquement aux même conclusions. Le syndrome du"survivant"est ainsi mis en exergue par les praticiens de la gestion des ressources humaines (Buridans 1994) tandis que les travaux de Claude Fabre (1997) suggèrent que les suppressions de postes et les séparations provoquent souvent chez ceux qui restent un sentiment d'injustice et d'insécurité qui peuvent affecter durablement leur adhésion et leur engagement au travail. Il est tout aussi clair que les conséquences des restructurations vont parfois bien au-delà des acteurs concernés directement par la rupture éventuelle du contrat de travail. Des effets économiques indirects mais importants sont décelables au niveau d'un tissu local lorsque de nombreuses suppressions d'emplois sont envisagées ; ce sont notamment aussi ces effets attendus qui viennent contribuer à cimenter les solidarités locales dans la lutte pour le maintien des emplois. L'ampleur des défis rencontrés par les acteurs concernés, l'importance des enjeux pour un nombre conséquent et divers d'acteurs sociaux rend sans doute plus difficile ici qu'ailleurs la transformation de la question de société en question d'études et de recherches On comprend aisément la difficulté de rester froid et objectif devant les souffrances et aussi la tentation de la facilité apportée par le fait de se retrancher rapidement derrière une rhétorique et un argumentaire de type idéologique.Mais par delà ce contexte particulier, la question de recherche du"pourquoi ou du comment" se révèle aussi très délicate par nature. On est loin encore notamment de disposer sur le sujet d'une doctrine ou d'une vision totalement unifiée. Le caractère transversal et pluridisciplinaire des études, la multiplicité des angles d'attaque peut, sans doute, expliquer partiellement cet état de fait mais non totalement.
Catégorie :
Strategie
Auteur de l'article :
Jean-Michel PLASSARD
Source :
Date de publication :
26 avril 2005